Rodéric

 
 
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Rodéric
𐌷𐍂𐍉𐌸𐌰𐍂𐌴𐌹𐌺𐍃
Rodéric lors de la bataille de Guadalete.
Rodéric lors de la bataille de Guadalete.
Titre
Roi des Wisigoths d'Hispanie
  
Prédécesseur Wittiza
Successeur Agila II
Biographie
Date de décès
Lieu de décès Embouchure de la rivière Barbate (province de Cadix)
Sépulture Viseu (Lusitanie)
Nationalité Espagnole
Père Théodefrède
Mère Rekilona
Conjoint Egilona
Religion Christianisme
Résidence Tolède
 

Rodéric représenté comme l'un des "six rois" dans une fresque Omeyyadeà Qusair Amra (actuelle Jordanie), entre 710 et 7501. Rodéric est la deuxième figure, son visage est malheureusement perdu2.

Rodéric (en gotique; 𐌷𐍂𐍉𐌸𐌰𐍂𐌴𐌹𐌺𐍃/Hroþareiks, français: Rodrigue, espagnol: Rodrigo, arabe: Ludharīq, لذريق), mort en juillet 711 près de Jerez de la Frontera dans la province de Cadix (Andalousie), est le dernier roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie avant la chute de son royaume face aux armées musulmanes.

 

 

Biographie[modifier | modifier le code]

Appartenant à la noblesse gothique, Rodéric est le fils de Théodefrède, duc de Cordoue, et de Rekilona. Il est d'abord duc de Bétique avant de s'emparer du trône wisigothique au début de l'année 710, à Tolède, après avoir renversé le roi Wittiza et évincé le fils de ce dernier, Agila, qui voulait succéder à son père au terme d'une guerre civile. Agila et des partisans s'enfuient à Septa Magna (Ceuta) sur la rive nord-africaine.

La région voisine du Maghreb avait été récemment conquise par Musa Ibn Nosseyr. Celui-ci nomma un berbère et selon d'autres sources un mawla(servant) d'origine berbère, Tariq ibn Ziyad alors gouverneur de Tanger, et lui donna le commandement d'une armée d'environ 7 000 cavaliersberbères, fraîchement convertis à l'islam.

Le comte Julien, seigneur de Septa (Ceuta), que les Arabes appellent Ilyan ou Youlyân, était vassal de Rodéric mais aussi en bons termes avec Tariq.Ibn 'Abd al-Hakam, historien égyptien de la conquête arabe, relate un siècle et demi plus tard, que Julian avait envoyé une de ses filles à la cour wisigothique de Tolède pour son éducation (et sans doute comme gage de loyauté) et que Rodéric l'avait rendue enceinte. Des ballades et chroniques plus tardives amplifient l'importance de ce fait et lui attribuent l'hostilité de Julian. Mais des raisons politiques peuvent avoir joué un plus grand rôle. Il envoya dire à Tariq « Je t'enlèverai al-Andalus »

L'historien andalou Ibn al-Qutiyya (en) rapportera au xe siècle une légende selon laquelle les rois wisigoths avaient un palais dans lequel se trouvaient les quatre évangiles sur lesquels ils prêtaient serment. Ce palais très vénéré ne restait jamais ouvert et on y inscrivait le nom de chaque roi qui venait à mourir. Quand Rodéric s'était emparé de la royauté, il avait ceint la couronne, ce qui lui avait attiré la désapprobation des chrétiens, qui plus tard cherchèrent vainement à l'empêcher d'ouvrir le palais et le coffre qu'il contenait. Quand le palais fut ouvert, on y trouva des statues en bois représentant des Arabes, l'arc sur l'épaule et le turban sur la tête ; au-dessous de ces statues étaient écrits les mots suivants : « Lorsque ce palais sera ouvert et qu'on en retirera ces statues, il viendra en Andalousie un peuple semblable à ces figures et qui s'emparera du pays »3. Certaines variantes de cette légende situent ce palais dans les grottes d'Hercule à Tolède.

Au printemps 711, tandis que Rodéric se trouve à Pampelune pour combattre les Basques révoltés, Tariq, informé par Julian qu'il laisse en arrière parmi les marchands, traverse le détroit de Gibraltar avec une armée de reconnaissance de 1 700 hommes, naviguant de nuit et laissant leur débarquement insoupçonné.

« Les gens de al-Andalus ne remarquèrent pas le va-et-vient de bateaux, pensant que c'étaient des bateaux de commerce » rapporte Ibn Abd-al-Hakam. Tariq et ses hommes marchèrent jusqu'à Cartagène sur la côte, puis vers Cordoue, où la garnison locale méprisa d'abord la petite bande mais fut battue à plate couture et repoussée dans les murs de la ville. Le camp musulman rapporte « Quand Rodéric fut informé, il vint en renfort de Tolède. Il luttèrent à un endroit du nom de Shedunia (probablement Medina-Sidonia), dans une vallée appelée de nos jours Umm-Hakim. La bataille fut rude ; mais Dieu, puissant et grand, tua Rodéric et ses compagnons ».

Le nom européen de cette bataille le  à l'embouchure de la rivière Barbate (río Barbate), qui voit la défaite de Rodéric, est la bataille du Guadalete, dans la province de Cadix, au sud de la péninsule Ibérique. Selon Ibn al-Qutiyya, « la rencontre entre Tariq et Rodéric eut lieu près de Chodzouna (Sidonia), sur les bords de l'oued Bekka (Wadi Bekka). Dieu mit en fuite Rodéric qui, malgré le poids de son armure, essaya de traverser à la nage l'oued Bekka. Son corps ne fut jamais retrouvé ». Rodéric est certainement mort noyé. Les Wisigoths survivants, désorganisés, s'enfuient vers le nord.

Envoyant le commandant de sa cavalerie prendre Cordoue, Tariq entre dans la capitale wisigothique, Tolède, où son premier souci est de s'emparer d'une table, appelée table de Salomon, fils de David :

« al-Andalus ayant été conquise pour Musa Ibn Nosseyr, il prit la table de Suleyman Ibn Dawid, et la couronne. Tariq apprit que la table était dans une citadelle nommée Faras, à deux jours de Tolède, dont le gouverneur était un neveu de Rodéric. Tariq lui écrivit alors, lui promettant la sécurité pour lui et sa famille. Le neveu sortit de la citadelle et Tariq tint sa promesse (...) Tariq lui dit livre moi la table et il lui livra la table. Sur cette table il y avait de l'or, de l'argent, comme personne n'en avait vu (...) Il prit les perles, l'armure, l'or, l'argent et les vases qu'il avait avec lui, et quantité de butin, comme personne n'en avait vu. Il rassembla tout ça. Après cela il retourna à Cordoue, et s'y arrêtant, il écrivit à Musa Ibn Nosseyr l'informant de la conquête de l'al-Andalus et du butin qu'il y avait fait. »

L'année suivante, en 712, le suzerain de Tariq, Musa Ibn Nosseyr se joint à l'attaque, et en moins de six mois ils soumettent plus de la moitié de l'Espagne. En 718, les musulmans occupent toute l'Espagne à l'exception des montagnes des Asturies dans le nord.

Sa veuve, la reine Egilona, épousera Abd al-Aziz ibn Musa bin Nusair, wali d'al-Andalus.

Selon la chronique d'Alphonse III dite ad Sebastianum, rédigée vers 900, le tombeau du roi Rodéric fut retrouvé dans un temple de Viseu en Lusitanie. Sur ce tombeau, on pouvait lire cette épitaphe :Hic requiescit Rudericus ultimus rex Gotorum (« Ici repose Rodrigue, dernier roi des Goths »).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Betsy Williams, « Qusayr 'Amra » [archive], The Metropolitan Museum of Art, 
  2.  Drayson, "Ways of Seeing".
  3.  Ibn al-Qutiyya, Ta'rikh iftitah al-Andalus (trad. française : « Histoire de la conquête de l'Andalousie [archive] »)

Rodéric dans les arts[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Opéra[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Roger Collins, Visigothic Spain, 409–711. Blackwell Publishing, 2004.
  • Roger Collins, The Arab Conquest of Spain, 710–97. Oxford: Blackwell Publishing, 1989.
  • Edward Arthur Thompson, The Goths in Spain. Oxford: Clarendon Press, 1969.
  • Elizabeth Drayson, "Ways of Seeing: The First Medieval Islamic and Christian Depictions of Roderick, Last Visigothic King of Spain". Al-Masāq, Vol. 18, No. 2, p. 28-115, 2006.

Liens externes[modifier | modifier le code]