Récarède | |
![]() Portrait imaginaire de Récarède par Dióscoro Puebla. Tableau conservé au Musée du Prado. |
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Titre | |
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Roi des Wisigoths d'Hispanie | |
– (~15 ans) |
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Prédécesseur | Léovigild |
Successeur | Liuva II |
Biographie | |
Titre complet | Roi des Wisigoths |
Date de naissance | |
Date de décès | |
Lieu de décès | Tolède |
Nature du décès | Mort naturelle |
Père | Léovigild roi des Wisigoths |
Mère | Théodosia |
Fratrie | Herménégilde |
Conjoint | Florisinda Badda |
Enfants |
Liuva roi des Wisigoths Swinthila roi des Wisigoths |
Entourage | Léandre de Séville |
Religion |
Arianisme (jusqu'en
587) Catholicisme (à partir de 587) |
Résidence | Tolède |
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Récarède1 ou Récarède Ier (en gotique 𐍂𐌴𐌺𐌺𐌰𐍂𐌴𐌳𐍃 •𐌰•, en espagnol, Recaredo I), dit « le Catholique »2, né en 559 et mort en décembre 601 àTolède, est roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 586 à 601. Son règne est marqué par la conversion des Wisigoths de l'arianisme aucatholicisme, officialisée par le IIIe Concile de Tolède en 589.
Sans renier l'œuvre politique de son père Léovigild, Récarède poursuit l'unification du royaume wisigoth non plus en faveur de l'arianisme considéré comme une hérésie par les autorités religieuses, mais bien sous l'égide de l'Église catholique. Cette décision capitale dans l'histoire de l'Espagne est prise sous l'influence de Léandre de Séville (587) avant d'être officialisée au IIIe Concile de Tolède (589).
Récarède poursuit la politique d’intégration et d’unité nationale de son père. Il tire aussi les conséquences de la rébellion de son frère : le pouvoir du roi étant menacé par la puissance de la noblesse, laïque et religieuse, il entreprend une politique tendant à se concilier toute la noblesse en lui faisant des concessions dans le cas des laïcs, en se convertissant au catholicisme dans le cas des religieux.
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Récarède est le fils du roi Léovigild et de sa première épouse Théodosia qu'une ancienne tradition espagnole prétend être la sœur des Quatre saints de Carthagène (saint Fulgent, saint Léandre, saint Isidore de Séville et sainte Florentine). Selon la chronique du pseudo-Maxime3, il naît « en 597 de l'ère d'Espagne », c'est-à-dire en559.
En 573 au plus tard, il porte, avec son frère aîné Herménégilde, le titre de rex et est associé au pouvoir4.
Vers 583 naît Liuva, son fils, issu de sa relation avec une femme de condition obscure appelée Florisinda, peut-être une concubine hispano-romaine. Selon d'autres sources, Liuva serait né de sa relation avec une certaine Badda, elle aussi une concubine, d'origine wisigothe, qu'il épousera quelques années plus tard5.
En 584, son père songe à le marier avec une princesse franque de Neustrie, Rigonde, fille du roi mérovingien Chilpéric et de Frédégonde6.
En 585-586, Léovigild l'envoie en Septimanie pour lutter contre les troupes de Gontran, roi franc de Burgondie qui cherche à conquérir la partie wisigothique de la Gaule. Récarède est victorieux dans la région de Narbonne, et ravage et dépeuple la région de Toulouse, faisant de nombreux prisonniers. Depuis Nîmes, il s'empara également de la forteresse de Beaucaire et s'avança jusqu'à Arles. Pendant ce temps, son père tombe gravement malade : Récarède rentre au plus vite au palais royal de Tolède, mais trop tard pour le retrouver en vie. Le 8 mai 586, Léovigild était mort.
Il accède au trône après une grave crise politico-religieuse, son frère Herménégilde ayant été exécuté en 585 pour s'être converti au catholicisme et rebellé contre son père. À peine arrivé au pouvoir, il venge son frère en faisant supplicier son bourreau, Sisbert7.
Dix mois après son élection, Récarède se convertit à titre personnel au catholicisme (587). Il prend le surnom de Flavius8, qui, ayant désigné la famille de Constantin, était un des noms de gloire des empereurs de Byzance.
« Récarède, le dixième mois de la première année de son règne, se fait catholique avec l'aide de Dieu, il aborde les prêtres de la secte arienne par des paroles de sagesse, les fait se convertir à la foi catholique, plus par conviction plus que par force, et fait rentrer dans l’unité et la paix de l'Église chrétienne tout le peuple des Goths et les Suèves. La secte arienne, avec la grâce de Dieu, accepte le dogme chrétien. »
— Jean de Biclar, Chronicon.
Sa conversion suscite cependant plusieurs révoltes.
Une première révolte liée à sa conversion, menée par le noble Seggo et
l'évêque arien Sunna,
éclate à Mérida en
587, vite écrasée par le duc deLusitanie Claudius,
grâce à la trahison d’un jeune conjuré, Wittéric (qui
deviendra roi quelques années plus tard) ; Seggo, amputé des deux mains,
est exilé en Galice tandis
que Sunna est exilé en Afrique du Nord.
Un complot est organisé à la Cour même. Selon Grégoire
de Tours, l'évêque arien Uldila et
la reine Goswinthe (marâtre
de Récarède), complotant contre le roi, furent découverts et on apprit
qu’après avoir pris la communion de manière sacrée, ils la rejetèrent
ensuite. Ce crime venant à la connaissance des hommes, Uldila fut condamné
au bannissement et Goswinthe, qui fut toujours hostile aux catholiques,
arriva à la fin de sa vie à cette époque.
Un autre révolte éclate et a pour centre Narbonne, la capitale de la Gaule
gothique (Gothie)
en Septimanie. Elle est menée par l'évêque arien Athaloc et
deux nobles, Wildigern et Granista. Du fait de l’intervention des armées
franques, elle s’avère être un réel danger pour Récarède. Le combat
décisif a lieu près de Carcassonne et
voit la victoire écrasante des troupes wisigothes dirigées par le duc
Claudius. Selon le chroniqueur gallo-romain Grégoire de Tours, les Francs
laissèrent sur le terrain 5.000 morts et 2.000 prisonniers.
Voulant se rapprocher des Francs, Récarède demande vers 587-588 la main de la princesse mérovingienne Clodoswinthe, sœur du roi Childebert II, qui avait déjà été fiancée à Authari, roi desLombards d'Italie. En 589, il n'est plus question de Clodoswinthe (peut-être morte jeune) car il a déjà épousé une certaine Badda, fille d'un des plus riches seigneurs de son entourage. Selon le pseudo-Maxime, Badda clarissima, qui assista au IIIe Concile de Tolède, aurait été de la famille d'un Goth prénommé Fonsa, comte des patrimoines. Elle aurait eu pour fils Swinthila, futur roi wisigoth, et serait morte en 593.
« Dans cette année Récarède, roi des Goths, embrassa avec un cœur plein d’amour la vraie religion chrétienne, et fut d’abord baptisé. Ensuite il fit assembler à Tolède tous les Goths attachés à la secte arienne, et se fit livrer tous les livres ariens ; les ayant placés dans une seule maison, il y fit mettre le feu, et fit ensuite baptiser tous les Goths, selon la loi chrétienne. »
— Frédégaire, Liber Historiæ Francorum.
Avec l’abjuration de l’arianisme par Récarède au Concile de Tolède s’ouvre une nouvelle période pour l’Espagne wisigothique et son Église, c’est ce qu’on a appelé la « renaissance isidorienne (du nom d'Isidore, évêque de Séville). La monarchie wisigothique se caractérise par une étroite alliance entre le roi et l’Église catholique : « un roi, une foi, une loi » est déjà une devise espagnole. Tolède est la capitale politique et religieuse du royaume.
En 590, une tentative de coup d'État menée par le duc Argimund, qui voulait éliminer le roi et monter sur le trône, est rapidement maîtrisée. Le duc rebelle est exécuté.
Sous son règne eurent lieu plusieurs synodes qui
(ré)organisèrent l'Église dans le royaume
wisigoth : le concile
de Narbonne de 589, le
concile de Séville de
590, le IIe concile
de Saragosse (592),
le concile provincial de Tolède (597), le synode de Huesca (598),
et le IIe synode
de Barcelone (599).
Il interdira également aux Juifs le
droit de se marier avec des chrétiens, de posséder des esclaves chrétiens
et d'occuper des emplois publics ; les enfants nés d'unions mixtes furent
baptisés de force9.
Voulant se rapprocher de l'Empire byzantin, il négocie une paix avec l'empereur byzantin Maurice. Selon certains historiens10, Récarède, par les soins du pape Grégoire le Grand, négocie un traité avec l'empereur Maurice, par lequel, tout en interdisant l'accès de l'intérieur de l'Espagne aux Byzantins, il leur confirme leurs anciennes possessions sur le littoral. Les Grecs restaient en possession paisible de leurs villes maritimes (dont Carthagène), mais devaient renoncer à de nouvelles conquêtes.
Récarède meurt à Tolède en 601 laissant pour héritier un fils, Liuva, âgé d'environ dix-huit ans.
Selon la chronique des rois wisigoths (Chronica regum Visigotthorum), Reccaredus régna 15 ans, 6 mois et 10 jours11.